XXI

Après un moment de silence, Lilo dit froidement :

— Comprenez-vous ce que cela signifie, Lars ? Maintenant, ils peuvent s’adresser directement à lui, au dessinateur de cette horrible bande dessinée sortie de la boue. Ils n’ont plus besoin de nous. Ils n’auront jamais plus besoin de nous.

Ironiquement, mais toujours avec la même politesse raffinée, le commandant Guéchenko murmura :

— Nous adresser à lui directement ? Mais pourquoi, mademoiselle Toptchev. Qu’a-t-il à nous offrir ? Croyez-vous qu’il ait quelque chose de vraiment utile dans son esprit ?

— Non, fit Lars. Cet homme dessine seulement des bandes dessinées. Ces inventions ne valent rien, depuis toujours.

Avec une courtoisie de plus en plus insultante, le commandant Guéchenko reprit la parole :

— Elles ne valaient rien, mais c’était justement ce dont nous avions besoin ! Ce n’est plus le cas maintenant. L’Homme-pieuvre ne peut pas voler à travers l’espace et abattre ces satellites d’un coup de poing. D’ailleurs, nous aurons beau l’appeler : il ne viendra pas. Pendant des années, on s’est moqué de nous. Cet artiste sera enchanté. Manifestement, c’est un dégénéré. Avoir trouvé quelque chose d’aussi vulgaire que cette bande dessinée et je note en passant qu’elle est en anglais, le langage officiel du Bloc-Ouest – le prouve.

— Ne lui reprochez rien. Ce n’est pas sa faute si, télépathiquement, d’une façon absolument inconcevable, nous lui volons ses idées depuis des années.

Lilo secoua la tête :

— Ils ne lui reprocheront rien. Ils vont tout simplement l’enlever, le transporter à l’institut Pavlov et essayer par tous les moyens d’obtenir de lui ce qu’ils n’ont pu obtenir de nous. À tout hasard, au cas où ce malheureux aurait quand même quelque chose en lui…

Elle semblait soulagée. Dans son immaturité, elle ne voyait qu’une chose : désormais, on ne ferait plus pression sur elle.

Lars s’adressa à Lilo :

— Si vous êtes vraiment si heureuse, ne le montrez pas. Essayez de vous contenir.

Bien au contraire, elle se mit à rire :

— Je commence à croire que c’est exactement ce qu’ils méritent. C’est vraiment drôle. Je suis désolée pour ce dessinateur du Ghana, mais franchement, n’avez-vous pas envie de rire vous-même, Lars ?

— Non.

— Alors, vous êtes aussi fou que lui.

D’un geste de dédain, elle montrait le commandant Guéchenko, fière et heureuse de sa supériorité.

— Commandant, puis-je demander un numéro au vidéophone ?

— Pourquoi pas ?

L’assistant reparut, Guéchenko lui dit quelques mots en russe. Lars fut mené dans un couloir où se trouvait une cabine vidéophonique.

Il appela Lanferman Associates à San Francisco, puis demanda Peter Freid.

Ce dernier avait l’air débordé de travail et son visage était maussade. Mais en apercevant Lars, il esquissa un geste de salutation :

— Comment est-elle ?

— Jeune, physiquement attirante. Je dirais même « sexy ».

— Alors, vos problèmes sont résolus.

— Hélas, non. Chose curieuse, c’est plutôt le contraire. Mais je voudrais que vous me rendiez un service. À me facturer, naturellement. Si vous ne pouvez le faire vous-même ou le faire faire…

— Pas de discours. Accouchez !

— Voilà : je voudrais toute la collection de « L’Homme-Pieuvre bleu de Titan » depuis le premier numéro. C’est une bande dessinée tridimensionnelle vous savez, le truc qui gigote quand on le regarde. Je veux dire que les seins des filles bougent, que leur zone pelvienne bouge, que les monstres salivent…

— Je note : « L’homme-Pieuvre bleu de Titan », il me semble que j’ai vu ça, bien que ce ne soit pas fait pour l’Amérique du nord. Mes enfants le lisent, je crois. C’est l’une des pires saletés, mais pas illégale, pas vraiment porno. Comme vous le dites, les filles gigotent de partout, mais au moins elles ne…

— Prenez chaque numéro. Employez vos meilleurs ingénieurs. Dressez la liste des armes employées dans toutes les séquences. Séparez les nôtres de celles de Pip-Est. Faites des bleus aussi exacts que possible à partir de ces dessins.

— Entendu, fit Pete. Quoi encore ?

— Dressez une troisième liste de toutes les armes qui ne sont ni les nôtres ni celles de Pip-Est. En d’autres mots, celles que nous ne connaissons pas. Peut-être n’en trouverez-vous aucune, mais peut-être que si. Et celles-là, elles aussi, faites-en des bleus aussi exactes que possible. Je voudrais ensuite des maquettes et…

— Êtes-vous arrivé à quelque chose avec Lilo ?

— Oui. Un treuil à vapeur. Pete le regarda :

— Sérieusement.

— Sérieusement.

— Ils vont vous massacrer.

— Je le sais.

— Vous ne pouvez pas leur échapper ? Revenir au Bloc-Ouest ?

— Je peux essayer. Je pourrais essayer. Mais il y a des choses bien plus importantes pour l’instant ; Maintenant, écoutez-moi. J’ai un second travail pour vous, mais que vous ferez en premier. Contactez la KACH.

— Très bien.

— Demandez-lui le détail de toutes les personnes responsables de « L’homme-Pieuvre bleu de Titan ». Les préparateurs, les dessinateurs, les créateurs de maquettes, les scénaristes.

Pete prenait toujours note :

— Entendu.

— C’est urgent.

Il vit Pete écrire : « Urgent ».

— Et à quoi dois-je envoyer mon rapport ?

— À moi, si je suis de retour au Bloc-Ouest. Sinon, c’est vous qui devrez agir. Troisième travail.

— Allez-y !

— Touchez par vidéophone la ligne spéciale du FBI. Qu’ils préviennent leur équipe de Fairfax que je suis…

Un déclic. Il s’arrêta : l’image de Pete avait disparu, l’écran était vide. Les policiers soviétiques qui avaient écouté toute sa conversation venaient d’y mettre fin.

Ce qui l’étonnait, c’est qu’ils ne l’eussent pas fait plus tôt.

Il sortit de la cabine, s’arrêta un instant. D’un côté, ce couloir se terminait en cul-de-sac. De l’autre, deux policiers de la KVB l’attendaient.

Et pourtant, le FBI lui aussi était à Fairfax. Si seulement il avait pu le toucher, alors…

Mais le FBI avait reçu l’ordre de collaborer avec la KVB, naturellement. Et les policiers américains le remettraient tout simplement entre les mains du commandant Guéchenko.

Quel monde merveilleux, pensa-t-il, fondé sur la coopération de chacun et de tous, à moins que vous ne soyez la seule personne qui refuse de coopérer et qui aimerait sortir de là…

Il était préférable d’éliminer les intermédiaires et de traiter directement avec le commandant Guéchenko.

À contrecœur, il retourna dans la suite du motel.

Assis autour de la table, Guéchenko, le Dr Todt et Lilo Toptchev buvaient encore du café et feuilletaient des journs tout en conversant en allemand. Bon Dieu se dit-il, encore une langue que je ne connais pas !

— Wie geht’s ? demanda le Dr Todt.

— Traurig, Können Sie nicht sehen ? (Tristement ne voyez-vous pas ?) dit Lilo. (Puis s’adressant à lui.) Alors, qu’avez-vous fait, Lars ? Avez-vous demandé au général Nitz de vous faire la faveur de vous ramener chez vous ? Et il vous a répondu non, car vous étiez maintenant sous la juridiction de la KVB, bien que l’Islande soit supposée être terrain neutre. Nicht vvahr ? (Pas vrai) ?

Lars s’adressa au commandant Guéchenko :

— Commandant, je vous demande officiellement l’autorisation de discuter de ma situation seul avec un représentant de la police des États-Unis, la FBI. Me l’accordez-vous ?

— C’est facile.

Un homme de la KVB entra brusquement dans la pièce, les surprenant tous, Guéchenko compris. Il s’approcha du commandant, lui tendit un document tapé à la machine. Après l’avoir lu, Guéchenko leva la tête pour regarder Lars :

— Je pense que votre idée d’avoir tous les numéros de « l’Homme-Pieuvre bleu de Titan » et de demander à la KACH une analyse complète de tous les créateurs de cette bande dessinée, est bonne. Naturellement, nous le faisons de notre côté, mais il n’y a aucune raison pour que vos gens n’en fassent pas autant. Toutefois, pour gagner du temps, vous devriez demander à vos associés de San Francisco avec lesquels vous venez de converser, de nous transmettre tous les matériaux utilisables sur lesquels ils peuvent mettre la main ; C’est une ville américaine qui est attaquée la première, n’est-ce pas ?

— Si je peux parler à un agent du FBI, d’accord. Sinon, je refuse.

— Je vous ai déjà dit que c’était facile.

Il s’adressa à son subordonné en russe. Lilo traduisit aussitôt :

— Il lui a dit de sortir et de revenir dans cinq minutes en disant en anglais qu’il n’a pu toucher le FBI ici à Fairfax.

Le commandant Guéchenko lui jeta un coup d’œil irrité :

— En plus de tout ce que nous avons à vous reprocher, voici que vous vous opposez à une opération de sécurité. C’est de la trahison, un crime puni de mort. Avez-vous envie d’être fusillée ? Pourquoi, une fois pour toutes, ne vous taisez-vous pas ?

— Eh bien, lancez donc un mandat d’arrêt… commença Lilo.

Le Dr Todt l’interrompit d’une voix très ferme :

— Commandant, mon patient, M. Powderdry, semble extrêmement tendu, surtout à la suite de ce qu’il vient d’apprendre. Avez-vous une objection à ce que je lui donne un tranquillisant ?

— Faites, faites, docteur !

De plus en plus maussade, d’un geste, Guéchenko renvoya son subordonné, mais sans lui avoir donné d’autres instructions, remarqua Lars.

De sa trousse, le Dr Todt tira plusieurs flacons, une boîte en fer blanc, plusieurs prospectus de produits pharmaceutiques, des échantillons divers qu’il examina et dans lesquels il fit un choix en grommelant, en réfléchissant à mi-voix.

De nouveau, un assistant de Guéchenko lui apporta un document que celui-ci étudia sans mot dire avant de se tourner vers Lars :

— J’ai un début d’informations au sujet de l’artiste qui a créé cette horreur d’Homme-Bleu. Cela vous intéresse-t-il ?

— Évidemment.

— Quant à moi, je m’en moque totalement, fit Lilo.

Le Dr Todt continuait à fouiller dans sa trousse noire, décidément pleine à craquer. En quelques mots, le commandant résuma le résultat des premières investigations que l’appareil des services secrets soviétiques venait de faire :

— L’artiste se nomme Oral Giacomini. C’est un blanc d’origine italienne émigré au Ghana il y a dix ans. Il a fait plusieurs séjours dans une institution mentale de Calcutta, laquelle n’a pas un très bon renom. Sans une quantité d’électrochocs et de suppresseurs thalamiques, il serait dans un état de prostration schizophrénique complète.

— Ah ! fit Lars.

— De plus, c’est un ancien inventeur. Par exemple, il a construit un fusil à évolution, il y a environ douze ans, qu’il a breveté en Italie. Probablement dans le but de l’utiliser contre l’empire austro-hongrois !

Avec mépris, Guéchenko reposa le document sur la table où le café le macula immédiatement sans qu’il parut s’en soucier. Cet homme est aussi dégoûté que moi, pensa Lars.

— … Les idées de Giacomini, d’après les psychiatres de second rang de Calcutta, étaient un chaos d’illusions grandioses, schizophréniques, de rêveries, dépourvues de valeur, toutes axées sur l’empire du monde. Et c’est de cette nullité, de ce lunatique, que vous avez tiré tous deux votre inspiration pour vos « armes ».

Le Dr Todt avait refermé sa trousse pour s’assoir tranquillement et les regarder.

— Vous avez mon tranquillisant ? demanda Lars.

Le Dr Todt avait bien quelque chose dans ses mains qui reposaient sagement sur ses cuisses, quelque chose qu’elles recouvraient et qu’on ne voyait pas. Il prit la parole :

— Ce que j’ai, c’est un pistolet-laser. Il le montra, le dirigea sur le commandant Guéchenko :

— … Je savais qu’il était dans ma trousse, mais sous tout le reste, que j’ai dû ôter d’abord. Commandant, je vous arrête pour détenir un citoyen du Bloc-Ouest contre sa volonté.

Sur ses genoux, il y avait un second objet, un émetteur-récepteur miniaturisé complet, avec micro et antenne. Il le prit et se mit à parler dans le micro qui était de la grosseur d’une puce :

— M. Conners ? J.F. Conners, s’il vous plaît ? Il expliqua aux trois autres :

— … Conners est le chef du FBI à Fairfax… M. J.F. Conners ? Oui. Nous sommes au motel. Oui, l’appartement 6. Là où ils nous ont emmenés tout de suite. Ils ont l’intention d’enlever M. Powderdry et de le garder en Union soviétique avec mademoiselle Toptchev. Ils attendent le moyen de transport. Il y a partout des agents de la KVB… C’est bien. Merci.

Il ferma le contact, remit l’appareil dans sa trousse.

Assis tous les quatre, ils gardèrent dès lors le silence. Puis il y eut à la porte du motel une explosion de bruits, de grognements, de coups amortis, de sons confus – mais sans rien qui rappelât celui d’une voix humaine. Cela dura quelques minutes. Le commandant Guéchenko avait l’air résigné, mais mécontent. Lilo, elle, était comme pétrifiée, toute droite sur sa chaise, le visage rigide.

La porte s’ouvrit en coup de vent. Un policier du FBI, un de ceux qui avaient accompagné Lars dans son voyage, apparut ; son pistolet laser balaya tous les objectifs éventuels qui se trouvaient dans la pièce, y compris eux-mêmes. Un second policier entra, échevelé, qui avait perdu sa cravate quelque part.

Le commandant Guéchenko se leva, déboutonna son étui-revolver et leur tendit son arme, sans dire un mot.

— Nous retournons à New York, fit le premier policier.

Guéchenko haussa les épaules : Marc-Aurèle lui-même n’eût pas montré plus de résignation.

Comme Lars et le Dr Todt se dirigeaient vers la porte, Lilo Toptchev dit soudain :

— Lars, moi aussi je veux partir.

Les deux policiers échangèrent un regard. L’un d’eux dit quelques mots dans le micro accroché sous son revers de veste, conversa à voix inaudible avec un supérieur invisible. Brusquement, il s’adressa à Lilo :

— Entendu. Ils sont d’accord.

— Vous ne serez peut-être pas heureuse là-bas, la prévint Lars. Nous n’aurons plus la faveur des autorités.

— Peu importe. Je ne veux plus être ici.

— Allons-y ! dit Lars. Et il pensa à Maren.

 

Le zappeur de mondes
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